La crise sanitaire internationale de COVID-19, qui est venue bouleverser aussi bien les modes de vie que l’économie mondiale, ne fait que renforcer l’image que nous avons du modèle VUCA. Volatilité, incertitude, complexité, ambiguïté : voici des termes qui qualifient à la perfection la société dans laquelle nous évoluons aujourd’hui.Cette « nouvelle réalité », avec laquelle nous avons le devoir de composer, nous impose de relever des défis toujours plus ardus. Pour y répondre avec pertinence, en s’adaptant non seulement aux enjeux environnementaux de notre société mais aussi aux problématiques digitales, multiculturelles et pluridisciplinaires sous-jacentes, les nouvelles générations doivent être formées en conséquence.
S’appuyant à la fois sur une innovation permanente et sur des compétences créatives solides, les adultes de demain devront être en mesure de travailler ensemble, par-delà les frontières et en dépassant les limites de l’imaginaire commun. Préparer ces jeunes, sur les épaules desquels reposera l’avenir de notre planète, implique de leur offrir des moyens d’apprentissage innovants et flexibles.
Tenant compte de leurs besoins et de nos objectifs sociétaux, les nouveaux systèmes d’éducation devront ainsi permettre aux enfants, dès leur plus jeune âge, de gagner en autonomie ,en esprit critique et en efficacité.
La pédagogie traditionnelle : un modèle à bout de souffle
Face aux enjeux que nous avons pu évoquer précédemment, nous ne pouvons que poser un regard lucide sur les systèmes éducationnels au sein desquels évoluent nos jeunes. Nul n’est dupe : l’apprentissage par cœur de grands volumes d’information, oubliés si tôt les bilans de compétences passés, a ses limites. Privilégier la quantité à la qualité, en se focalisant plus sur le par cœur que sur la réflexion et le raisonnement logique, favorise le décrochage et réduit les taux de réussite scolaire. Le bon élève, dans la pédagogie traditionnelle, est donc simplement un récepteur passif de l’information. Aucune mise en pratique n’est nécessaire pour réussir, ce qui ralentit (voire même empêche) l’assimilation des concepts.Pourtant, l’expérience concrète est un vecteur pédagogique fondamental !
Qui plus est, si l’apprentissage par cœur est un bon moyen de faire fonctionner la mémoire, les études sur la question démontrent un manque d’efficacité certain. Il est désormais temps de faire bouger les lignes de ce système inerte, où la formation est plus centrée sur le formateur que sur l’apprenant ! Les compétences majeures du XXIème siècle, qui permettront à la société de se développer puissamment, exigent véritablement de promouvoir la qualité quitte à réduire la quantité. Créativité, curiosité, esprit critique, travail d’équipe, adaptabilité, communication, leadership, amélioration continue, conduite du changement... Ces notions ne pourront émerger que si l’étudiant est partie prenante et acteur de son parcours éducatif.
Quelles sont donc les propositions à examiner pour résorber les failles du système ? Les outils pédagogiques auxquels nous recourons, tout comme les domaines de compétences clés de notre temps et le type d’éducation visé, doivent être repensés. Pour cela, le monde de l’entreprise a bien des leçons à nous donner !Le domaine de la gestion de projet, permettant de créer des solutions pertinentes de manière agile, constitue une source d’inspiration à exploiter à grande échelle. Employées sur la scène internationale, des méthodes telles que le Lean Management, le PERT, le système Waterfall, le Kanban ou encore les 6 Sigmas, ont révolutionné le monde de l’industrie ces dernières années.
Une de ces méthodes, que nous connaissons sous le nom de Scrum, est particulièrement prometteuse.
S’appuyant sur la collaboration agile, l’engagement des équipes, les retours fréquents et l’amélioration continue, ces méthodologies permettent d’atteindre un niveau de satisfaction et de pertinence optimaux. De plus, elles proposent aux travailleurs un cadre de création propice à l’épanouissement.
Et si le manager agile partage des compétences d’animation avec l’enseignant, les apprenants sont eux aussi en mesure de profiter de cette pédagogie de groupe innovante, adaptée aux enjeux de demain.
Comment transposer les méthodes de gestion de projet agiles au contexte éducatif, afin que les apprenants puissent mieux faire face aux enjeux du XXIème siècle ?
La méthode agile Scrum est la plus connue dans le domaine et tire ses sources du rugby. En effet, le terme Scrum signifie mêlée. Si vous êtes un connaisseur de ce sport, vous savez sans doute quelle est son importance ! C’est grâce à elle que la partie peut reprendre à l’issue d’une faute mineure ou d’un arrêt de jeu, et ce, dans les meilleures conditions de rapidité et de sécurité envisageables.
La méthode Scrum, de son côté, fait écho à cette notion sportive en raison de la cohésion qu’elle implique. Son approche itérative permet à l’équipe auto-organisée qui la met en application d’atteindre un but commun. En termes de spécificités, il faut également savoir que la méthode Scrum place l’utilisateur final au cœur de la démarche. Mieux encore ? Elle valorise l'individu, l'équipe, le concret, l’application, la collaboration et l'adaptation.
Extrêmement flexible, elle est très pertinente pour répondre à des enjeux changeants et à des exigences variables. C’est sur la base de ce constat que Willy Wijnands a tenté de rapprocher, en 2015, cet univers au monde de l’éducation. La prometteuse méthode EduScrum a ainsi vu le jour.
Ce processus innovant d’apprentissage coopératif se caractérise par une approche itérative, misant sur un incontournable contrôle de l’avancement. La méthode EduScrum ouvre ainsi la voie à un nouveau type d’enseignement : l’éducation agile, fondée sur des cycles d’apprentissage courts, expérientiels et interactifs.
Son but ? Permettre aux jeunes d’apprendre à apprendre, en les plaçant au centre de la pédagogie.